L’entrepreneuriat au féminin

Le 21 septembre 2022 a eu lieu la rencontre sur l’entrepreneuriat au féminin. Organisée par la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité, la Région Bourgogne-Franche-Comté et la BPI France, elle a été accueillie à la CCI Métropole de Bourgogne.
Ce rendez-vous avait lieu dans le cadre de la signature du PAREF – Plan d’Action Régional pour l’Entrepreneuriat des Femmes – en Bourgogne-Franche-Comté. Les 19 partenaires signataires ainsi que plusieurs acteurs du territoire ont échangé sur l’ entrepreneuriat au féminin.

C’est pour témoigner de notre parcours et des difficultés rencontrées en tant que femmes au moment de la création de Billie Blue, que nous avons été conviées à la table ronde intitulée « De l’idée à la création ».

3 questions nous ont été posées et pour garder une trace de cette réflexion et de ce que nous avons appris à l’occasion de cette rencontre, nous vous proposons ce retour sur la journée.
En espérant que cet article puisse intéresser toutes les femmes qui souhaitent entreprendre ou qui se questionnent sur leur posture de cheffe d’entreprise.

En préambule voici quelques informations clés que vous pouvez retrouver sur le site du Conseil régional de BFC :

  • En France, seulement 30 % des personnes qui créent ou reprennent une entreprise sont des femmes.
  • 32 % est le taux de féminisation des non-salariés en Bourgogne-Franche-Comté, le plus bas des régions de France métropolitaine.
  • Ces 42 800 femmes sont en moyenne plus qualifiées que leurs homologues masculins. Malgré cela, elles ont, en général, un revenu inférieur à celui des hommes, en partie parce qu’elles sont plus jeunes, moins expérimentées et plus souvent micro-entrepreneuses.
  • Près de 37 % sont à la tête d’entreprises très fortement exposées au risque économique lié à la crise sanitaire du Covid 19.
  • 150 000 € seront mobilisés chaque année par les signataires du PAREF, l’État, Bpifrance et la Région.

 

« De l’idée à la création »

Ceci est le fruit de notre réflexion chez Billie Blue et du témoignage que nous avons apporté lors de la table ronde.

Est-ce que cela a été facile de créer ou non votre entreprise ?

Administrativement, créer une entreprise n’est pas compliqué mais en fonction du projet cela peut être long. Pour nous, cela a pris 2 ans mais l’accompagnement dont nous avons bénéficié nous a permis de suivre un processus et d’être bien entourées.

En revanche, devenir cheffe d’entreprise, c’est remettre en question l’existant que ce soit sur le plan personnel et professionnel. C’est évaluer les conséquences de ce choix sur son quotidien, son organisation familiale et sur sa carrière professionnelle. C’est aussi faire le deuil du salariat pour certaines.

Chez Billie Blue, nous avons traversé des moments de doutes mais, toujours, notre entourage nous a ramené à du concret en nous posant ces deux questions : Qu’as-tu à perdre ? Qu’as-tu à gagner ?

Créer Billie Blue nous a obligé à tout déconstruire pour reconstruire quelque chose de totalement nouveau et c’est très enthousiasmant !

Quelles difficultés avez-vous rencontrées notamment en tant que femmes créatrices d’entreprise ?

Nos croyances et nos freins : nous avons été confrontées à l’image que nous nous faisions de l’entrepreneuriat. Une fausse idée et de fausses difficultés que nous avions imaginées. Et nous avons dû faire face à la question de la légitimité. Sommes-nous légitimes à devenir cheffes d’entreprise ? D’autant que nous avons choisi un secteur fortement concurrentiel, qui embauche de nombreuses femmes mais qui compte peu de dirigeantes féminines. Bien souvent, on observe des binômes homme/femme à la tête d’une agence mais plus rarement 2 femmes.

Le regard de nos proches : pourquoi nous sentons-nous obligées de justifier que nous travaillons ? Depuis le début de notre aventure entrepreneuriale, nous travaillons 5 jours par semaine et nous nous sommes données un cadre de travail proche de celui que nous avions en tant que salariées. Mais, nous avons le droit très régulièrement à cette question : « Ça va, vous avez un petit peu de travail ? » Cette question serait-elle posée à un homme ?

Malgré un soutien sans faille de la part de nos proches, on observe que bien souvent nous sommes les premières concernées par les problèmes organisationnels : grèves, maladies des enfants, vacances scolaires, Covid … les petits tracas du quotidien peuvent vite prendre de la place dans la création et le développement d’une entreprise. La fameuse charge mentale est encore un peu plus sollicitée ! La problématique de l’équilibre pro et perso est récurrente quand on devient cheffe d’entreprise.

Incarner son rôle de cheffe d’entreprise et collaborer avec des dirigeants masculins, ce n’est pas si simple ! Même si les mentalités évoluent, nous constatons que le ton paternaliste et les remarques déplacées sont régulières de la part des hommes que nous rencontrons. Toujours sur le ton de la blague mais on se pose souvent cette question, qu’en serait-il si j’étais un homme ?

Aujourd’hui, pour nous, l’enjeu est d’asseoir notre place de dirigeantes que ce soit dans nos vies pros et persos. Nous devons travailler notre posture de cheffe d’entreprise pour que nos compétences et notre expertise soient reconnues et que nous puissions trouver notre place au même titre qu’un homme chef d’entreprise.

Quel rôle a joué l’accompagnement à la création d’entreprise ?

Nous avons bénéficié d’un accompagnement d’une durée de 9 mois par la CCI. Cela nous a donné un chemin à suivre qui nous a rassuré et nous a permis de travailler étape par étape sans se disperser.

L’accompagnement à la création d’entreprise est nécessaire et d’une grande utilité quand on n’a aucune expérience dans ce domaine. Sa véritable valeur ajoutée est qu’il permet de passer d’un projet rêvé à quelque chose de concret, en se projetant dans la réalité de ce que l’entreprise sera ou tendra à devenir. Nous la faisons déjà exister avant même sa création officielle. Sans l’accompagnement, nous n’aurions peut-être pas franchis le cap !

La création d’une entreprise est une première étape, longue, intense mais très enthousiasmante.
L’accompagnement est bénéfique au moment de la création mais doit perdurer dans le temps afin d’aborder le développement et la posture de dirigeante.
Une fois l’entreprise lancée, on se rend compte que les difficultés liées à la posture de femme dirigeante sont réelles. Il reste un long chemin à parcourir tant pour les femmes que pour les hommes afin d’arriver à cette parité qui est au cœur des questions de société et changer les mentalités.

Pour en savoir plus